France -Le métier d’enseignant attire de moins en moins
Le métier de professeur des écoles a fortement perdu de son attractivité ces dernières années, comme en témoigne le faible nombre de candidats présents au concours 2012, en raison surtout des postes supprimés, de la « masterisation » et de salaires faibles à diplôme bac + 5.
Le ministère de l’Éducation a indiqué que 18 734 candidats se sont présentés fin septembre aux épreuves d’admissibilité du concours 2012 de professeur des écoles, soit 45,13 % des 41 510 inscrits, contre 18 136 l’an dernier (43,13 % des 41 763 inscrits).
Alors que le concours 2011 avait connu une chute sans précédent de candidats (après 37 520 présents au concours 2010, et 53 121 en 2007), on aurait pu s’attendre pour 2012 à une remontée.
Le concours 2011 ne proposait en effet que 3 000 postes (niveau historiquement bas) et s’inscrivait surtout dans « l’année de transition » de la réforme de la formation des enseignants (ou « masterisation »).
Les dates de concours avaient en effet changé pour s’articuler avec le « master » désormais obligatoire, si bien qu’il y avait eu au mois de juin le concours 2010 (pour les débutants de la rentrée 2010), puis dès septembre l’épreuve d’admissibilité du concours 2011 des professeurs des écoles.
« Pas très attrayant »
Mais si l’on retrouve à peu près le même nombre de candidats présents cette année, c’est que la perte d’attractivité est durable. « Si l’année dernière était transitoire, cette fois l’explication ne tient plus. L’effet dissuasif de la masterisation se confirme et c’est inquiétant », a commenté Sébastien Sihr du SNUipp-FSU, principal syndicat des écoles.
« D’autant plus inquiétant que le nombre de postes offerts pour 2012 avait augmenté à 5 000 et que le ministère avait organisé au printemps une coûteuse campagne de recrutement », a ajouté Christian Chevalier, du SE-Unsa.
« Ce n’est pas que les jeunes ne veulent plus passer le concours, les enquêtes montrent que la vocation et l’envie sont bien présent es, c’est qu’ils ne peuvent plus, du fait de conditions rendues plus difficiles », selon M. Sihr.
En élevant au master (bac + 5) le niveau requis pour devenir enseignant, la « masterisation » a écarté des élèves peu favorisés pouvant difficilement financer cinq années d’études post-bac, sans vraiment attirer de plus favorisés du fait du salaire qui les attend après un master et un concours.
« Même si le ministre Luc Chatel a augmenté les débutants de 10 %, faire bac + 5 pour commencer à 1 500 euros par mois ce n’est pas très attrayant, surtout si l’on compare aux salaires de début de carrière des autres pays qui sont bien plus élevés, comme vient de le montrer l’OCDE », selon M. Sihr et M. Chevalier.
[via] lavoixdunord.fr