L’annonce de la hausse de prix du tabac de 6 % suscite paradoxalement l’indignation d’associations antitabac, selon lesquelles le gouvernement a choisi un expédient pour remplir les caisses, ne s’inscrivant pas dans une vraie stratégie de santé pour aider les fumeurs à arrêter.
« Ce n’est pas une mesure de santé, mais seulement de taxation qui va toucher les plus pauvres, les jeunes et précaires qui fument le plus, sans contribuer à les aider à arrêter de fumer », lance le professeur Bertrand Dautzenberg, président de l’Office français de prévention du tabagisme (OFT).
« On est un peu comme dans l’amiante, où l’argent, l’économie est passée avant la santé », dit-il à l’AFP.
« On sacrifie la vie des gens »
« C’est en pleine conscience qu’on sacrifie la vie des gens, en faisant d’abord un choix de percevoir des taxes alors qu’on sait que Jacques Chirac en 2003 avait démontré, avec le lancement du Plan Cancer, que l’on pouvait faire diminuer rapidement les ventes (82 à 54 milliards de cigarette/an) et avoir quatre fois moins de fumeurs parmi les collégiens parisiens », assure le président de l’OFT.
Le CNCT, partisan d’une augmentation plus forte
« Le Premier ministre François Fillon a annoncé une hausse des prix du tabac prise dans une optique exclusive d’accroître les recettes fiscales », estime également le Comité national contre le tabagisme (CNCT), dans un communiqué.
Le CNCT, partisan d’une augmentation plus forte, plaide pour « une hausse générale des taxes de l’ordre de 10 % pour réduire la consommation d’environ 4 % » et, de bien plus parmi les jeunes et précaires fumeurs.
Selon les deux associations, les trois dernières augmentations de 6 % n’ont pas eu d’impact sur la consommation de tabac en France.
Or, note le CNTC, « une politique fiscale dynamique sur les produits du tabac constitue le moyen le plus efficace pour réduire la consommation et également permettre le financement des maladies causées par cette drogue ».
« Le tabac, avec 60 000 morts tue 15 fois plus que la circulation routière »
➔ « Je me bats pour que les produits d’aide à l’arrêt soient pris en charge par la sécurité sociale pour tous les Français », renchérit le Pr Dautzenberg.
➔ « Le tabac, avec 60 000 morts par an, tue 15 fois plus que la circulation routière. Le tabac tue en France plus que l’amiante, plus que le sida », ajoute-t-il.
➔ « Le tabac coûte plus cher à la France qu’il ne lui rapporte, contribuant à appauvrir la France et les Français », selon lui.
[via] ouest-france.fr