S’attacher à mieux cerner ce que sont les autodidactes, est aussi l’occasion de porter un regard sur quelques autres réussites construites en dehors des sentiers battus. Un message d’espoir et un appel à la persévérance, à l’aube de la nouvelle année, pour ceux qui appréhendent déjà la rentrée et hésitent à avouer que l’école n’est pas toujours ce qui leur plait le plus. Le tout étant de ne jamais céder au découragement.
Alex Nicola l’a fait et dans les Bouches-du-Rhône, force est de constater qu’il n’est pas le seul avoir été cancre avant de devenir chef d’entreprise.
Ils sont sans diplôme et autodidactes. Mais ils dirigent des entreprises et créent des emplois. Alex Nicola témoigne. L’école ne lui convenait pas et il rêvait d’autre chose que de diplômes. Folie ? Beaucoup le lui ont dit et n’ont pas compris cette envie d’afficher une différence.
Mais c’est pourtant elle et cet « autre chose », qui ont fait d’Alex Nicola un chef d’entreprise. Un parcours hors normes qui l’a conduit à la tête des Villages Clubs du Soleil, que vient tout récemment de saluer la 21 e Victoire des Autodidactes.Un prix décerné par le Harvard Business School Club de France et le cabinet d’audit et d’expertise Mazars. Critère principal pour être reconnu autodidacte: être du niveau bac et pas davantage. Du coup, le chemin parcouru pour arriver au sommet n’en revêt que plus de saveur.
Au cinquième étage du Silo, dans son bureau auquel l’architecte Castaldi a insufflé l’atmosphère des Docks, Alex Nicola regarde la mer. « Mon attention est captée par cette immensité. Vous savez, je suis un doux rêveur ».
« Mauvais élève à l’école », peut-être à cause de ce penchant pour la rêverie, mais aujourd’hui à la tête des Villages Clubs du Soleil sur lesquels il veille avec passion, le chef d’entreprise Marseillais vient d’être déclaré lauréat de la 21e Victoire des Autodidactes. Une distinction dont il s’est demandé s’il devait l’accepter. « Puis je me suis dit que puisque j’ai passé ma vie à courir après un diplôme, autant que je l’accepte ». La petite cérémonie a donc eu lieu dans les murs de l’entreprise qu’il dirige et développe.
À 57 ans, Alex Nicola qui n’a que son certificat d’études, est riche d’un parcours hors norme. Tout a commencé après la séparation de ses parents. « À 15 ans, j’étais livré à moi-même. Mon petit frère est entré dans l’armée, moi j’ai décidé de faire un tour du monde en stop. C’était en 1970, je suis parti de Nice pour le Cap Nord, l’Inde, l’Afrique. Je travaillais comme saisonnier. »
Recruté par les Villages Clubs du soleil pour une saison, un directeur, mécontent de son travail, le congédie. « J’avais 18 ans. Et là, il s’est passé comme une révélation. Mon chef de service est entré dans le bureau et a lancé : s’il part, moi aussi. Et je suis resté. J’ai alors compris qu’il n’y aurait pas une autre chance et qu’il ne fallait pas décevoir cet homme qui venait de me tendre la main ».
La saison fut canon, la suite aussi. Reçu par le fondateur de l’entreprise, Séverin Montarello, Alex Nicola devient son chargé de mission. « Il y avait de la concurrence et des jaloux. Je travaillais sur la qualité, la communication et surtout le bouche à oreille. Un truc à moi. Les résultats ont fait que j’ai été nommé directeur des ressources humaines en 2003. Je suis ensuite devenu directeur général, puis président du directoire. »
Comment expliquer cette ascension ? « Mon carburant n’a jamais été le banc d’école. Je ne sais pas apprendre par coeur. Mais j’ai fait du théâtre, j’ai écrit des pièces et même enregistré un disque lors de la naissance de ma fille. Je lis tout, le plus souvent à haute voix et je retiens. Je pense qu’un autodidacte assimile autrement, a une ouverture d’esprit. Il sent les potentiels et saisit les opportunités. Pour cela, il use du système D, a ses langages. Moi, c’est celui de la rue et des voyages. Il y a du subjectif, mais je compense avec du savoir être et du savoir-faire. »
Les diplômes seraient-ils un luxe ? « Non. L’école ne me convenait pas. Mais il n’y a pas toujours des opportunités. J’ai eu de la chance. Je recommande à tous le diplôme. Mais lorsque je recrute, je ne regarde pas que lui. Je jauge aussi le potentiel de celui que j’ai en face de moi. Et ça, c’est l’expérience ».
[via] Jean-Luc Crozel, laprovence.com