Arrêt maladie : une indemnité reculée d’une journée
Dans le privé, les salariés en arrêt maladie ne toucheront leur salaire qu’à partir du cinquième jour. Les fonctionnaires verront l’instauration d’un jour de carence.
Un jour de carence supplémentaire
Être malade va coûter plus cher aux salariés ! Le gouvernement l’a décidé, hier. Pour les salariés du privé en arrêt maladie, il faudra attendre le cinquième jour avant de pouvoir toucher une indemnité journalière de la part de la sécurité sociale, contre trois jours aujourd’hui.
Une journée sans être indemnisée a aussi été instaurée pour les fonctionnaires. Une grande nouveauté pour les agents publics qui voient là l’arrivée de leur première journée de carence.
Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, voulait économiser 220 millions d’euros sur ce secteur des arrêts de travail. Sa première idée tournait autour d’une modification du taux des indemnités journalières. Cette option pénalisait trop les salariés en longue maladie. Il a préféré utiliser les jours non indemnisés pour arriver à la même économie.
Des applications variables dans le privé
Dans les faits, ces journées de carence connaissent des applications à géométrie variable dans le secteur privé. Elles ne s’appliquent pas pour les accidents du travail ou les congés de maternité. Les indemnités sont versées dès le premier jour de déclaration.
Par ailleurs, il existe des accords prenant en charge ces jours sans indemnisation : au niveau des branches professionnelles, mais également via des conventions signées directement dans les entreprises. Là, l’employeur touche lui-même les indemnités versées par la sécurité sociale et reverse, souvent intégralement et sans délai de carence, le salaire à son employé. Presque toutes les grandes entreprises ont adopté ce système. Le député UMP Christian Jacob estime que 75 % de ces journées de carence sont prises en charge par l’entreprise directement.
Un véritable changement pour les fonctionnaires
En cas d’arrêt de travail, leur statut dans la fonction publique (État, hospitalière et territoriale), leur donne droit de toucher leur traitement, entièrement, durant trois mois, sans aucune journée sans traitement. Ce versement diminue de moitié, en cas d’absence les neuf mois suivants. Avec la décision du gouvernement, les fonctionnaires vont perdre en moyenne 94 € et les agents hospitaliers 86 €, selon le quotidien Aujourd’hui en France.
Des réactions très critiques
Hier, la CGPME, syndicat patronal des petites et moyennes entreprises, a ouvertement critiqué cette annonce. « Nous sommes d’accord pour participer à l’effort collectif, mais pourquoi ne pas proposer un effort équitable avec le public ?, a annoncé le secrétaire général, Jean-Eudes De Mesnil. Je comprends qu’on ne puisse pas arriver à quatre jours directement dans le public, mais alors, au moins mettre en place un échéancier. »
Pour la CFDT, par la voix de sa secrétaire nationale, Véronique Descacq, il « est inacceptable de désigner les salariés en arrêt maladie comme responsable des déficits de la sécurité sociale ». Et la CGT d’estimer que « pour les fonctionnaires, la coupe est pleine ».
Pour la Fédération nationale des accidentés de la vie et travailleurs handicapés, « ne pas être payé pendant presque une semaine va inciter beaucoup de salariés à ne plus prendre leur arrêt maladie ».
[via] Élisabeth Bureau, ouest-france.fr