Entre soutien à l’économie locale, respect des saisons et envies de produits exotiques, le bio importé est souvent en concurrence avec le bio local…
Des kiwis bio de Nouvelle-Zélande qui ont parcouru 13.000 km, c’est sûrement meilleur pour la santé que des fruits traités chimiquement mais ça n’est pas vraiment un cadeau pour la planète. Pourtant, les produits bio importés sont de plus en plus nombreux en grande surface ou dans les magasins spécialisés. Faut-il privilégier le bio à tout prix ou préférer des produits locaux? Le choix est souvent difficile pour le consommateur.
Le bio local en concurrence avec le bio importé
Pour son rayon fruits et légumes du magasin Nature et Santé de Valence, Frédéric privilégie le local et s’approvisionne directement auprès d’une quinzaine de producteurs de la Drôme et de l’Ardèche: en été, 80 à 90% des fruits et légumes vendus sont locaux. Pourtant, le jeune chef de rayon « accepte les produits exotiques » mais que le consommateur demande, comme les bananes.
« Il y a aussi des périodes où on est contraints d’importer certains fruits et légumes », explique Frédéric. En hiver bien sûr, lorsque la production locale ne permet de fournir qu’environ 30% des produits, mais aussi en été, par exemple « quand le prix des pêches locales flambent, explique Frédéric. Nous proposons des pêches espagnoles bio qui sont vendues moins de 3 euros le kilo. On laisse le choix au consommateur, pour ne pas que les gens pensent qu’ils ne peuvent pas acheter de bio ». Si les fruits importés sont moins chers, c’est à cause des normes de production biologique européennes, « moins restrictives que les normes françaises, notamment sur l’usage des produits phytosanitaires », explique Marc Fauriel, producteur de pommes bio à Loriol-sur-Drôme, qui dénonce cette concurrence presque déloyale.
Le local, « un investissement économique dans la région »
Le choix du local, la cantine scolaire de Chabeuil, près de Valence, l’a fait depuis le 1er janvier dernier. Les enfants des trois écoles de la commune mangent désormais des produits de proximité et parfois bio: « Les élus voulaient des circuits courts d’approvisionnement, pas du bio à tout prix », explique Jacqueline Capron, directrice des services de la mairie de Chabeuil. Sur les quelque 300 plateaux quotidiens cuisinés sur place, il y a selon les jours 80% ou 10% de bio: « Ce n’est pas le pourcentage obligatoire de bio qui a poussé à revoir le fonctionnement de la cantine, précise Jacqueline Capron, c’est un investissement économique dans la région ». Depuis l’ouverture du nouveau restaurant scolaire, deux emplois à temps plein ont été créés sur la commune et les producteurs locaux ont trouvé un nouveau débouché.
Les saisons se reflètent dans les produits locaux
Privilégier le local permet aussi d’éduquer les enfants à une alimentation de saison. Ce à quoi s’emploie également Frédéric dans son rayon: « Nous vendons quelques tomates en hiver, d’Italie ou d’Espagne, achetées à des partenaires habituels, explique-t-il. Mais pour que le consommateur comprenne que c’est du luxe, on pratique une marge différenciée: on va pratiquer une marge maximale sur ces tomates, tandis qu’en été, on va la baisser sur les fruits locaux de saison. C’est une éducation par le porte-monnaie ».
Pour limiter l’impact des importations sur l’environnement, Frédéric privilégie les transports les moins polluants, comme le bateau. Et pour s’assurer qu’il s’agit de « vrai » bio, il fait confiance à ses grossistes qui vont sur place voir comment les producteurs travaillent. Le « bon » bio importé repose sur cette chaîne de confiance entre producteurs, grossistes et distributeurs.
[via] Audrey Chauvet, 20minutes.fr