Sommeil: les Français dorment debout
Et ça a des conséquences sur la santé…
Nuits trop courtes, trajets trop longs…Bâiller et somnoler au cours de la journée sont le lot quotidien de millions de Français pris dans les rythmes de la vie moderne et son cortège d’écrans d’ordinateur ou de télé qui rognent encore leurs soirées.
Loin d’être un signe de paresse, la somnolence représente un problème de santé publique largement sous-estimé, avertissent les spécialistes à l’occasion de la prochaine journée du sommeil organisée le 18 mars.
Un Français sur cinq (mais 26% des femmes et 24% des ronfleurs) a tendance à somnoler dans la journée, relève le professeur Joël Paquereau, président de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV).
« On ne peut pas engranger du sommeil à l’avance »
Une situation qui ne s’améliore pas et qui montre, selon lui, que « le message ne passe pas bien ». « Il y a une durée de sommeil propre à chaque individu, en générale de 7 à 8h » et « on ne peut pas engranger du sommeil à l’avance », note-il.
Pourtant, près d’un tiers des Français dort 6 heures ou moins, selon une enquête de l’INSV et de la MGEN (mutuelle) réalisée par BVA en janvier dernier sur un échantillon représentatif de 1012 adultes (18 à 60 ans).
Le temps de transport quotidien des Français est trop long (en moyenne 1H20) et les 18% qui passent plus de 2 heures par jour dans les transports sont davantage exposés à la somnolence.
Irritabilité et danger pour la santé
Le manque de sommeil rend irritable, nuit à la concentration, mais aussi à la santé puisqu’il peut être associé à l’obésité, au diabète, aux accidents de la route, pointe le professeur Damien Léger, président du conseil scientifique de l’INSV. Il peut également favoriser l’hypertension. « Les Français dorment debout », dit-il.
La somnolence au volant est la première cause d’accident sur autoroute, soit un accident sur trois, rappelle le spécialiste. 12% des conducteurs de 18 à 60 ans ont dû s’arrêter de conduire pour dormir au cours des douze derniers mois. La somnolence au volant, qui peut être fatale, représente ainsi un risque qui concerne potentiellement 3,7 millions de conducteurs par an, d’après lui. Pire: 3% se sont carrément endormis au volant, soit l’équivalent de 900.000 conducteurs.
« Perturbateurs de sommeil »
Toutefois, pour 10% environ des gens présentant des troubles du sommeil, c’est plutôt la qualité du sommeil qui est en jeu en raison d’un pathologie (apnées du sommeil, syndrome des jambes sans repos et plus rarement narcolepsie…).
La réduction du temps de sommeil est un phénomène de société répandu. Aux Etats-Unis, par exemple, elle s’est accompagnée d’une augmentation de l’obésité. « Moins on dort et plus on a tendance à grignoter pour se maintenir éveillé », ajoute le Pr Damien.
Les spécialistes du sommeil s’inquiètent aussi de l’utilisation des «perturbateurs de sommeil» qui a gagné du terrain depuis 2009 dans les foyers, en particulier dans la chambre des enfants.
Parents somnolents
42% des parents autorisent la radio dans la chambre des enfants, 38% un ordinateur, 33% un téléphone fixe ou portable et 31% la télévision. Les enfants qui ne dorment pas assez (moins de 8 heures) et les jeunes lycéens de plus de 16 ans sont les plus équipés. D’où le conseil d’enlever tous ces appareils de la chambre et d’éviter de les utiliser une heure avant d’aller se coucher pour faciliter le sommeil.
Au passage, les parents somnolents ont plus souvent des enfants qui se plaignent de difficultés en classe liées à la somnolence. Ce n’est pas héréditaire, mais relève d’une vraie éducation à bien dormir, selon l’institut.
[via] © 2011 AFP, 20minutes.fr