Les Français s’équipent pour jouer aux chefs
Depuis une dizaine d’années, les Français se toquent à nouveau de cuisine. Ils se payent des cours avec des chefs, assurent les succès d’audience de Masterchef sur TF1, Un dîner presque parfait ou Top Chef sur M6, et se ruent dans les boutiques acheter des poêles, des assiettes tendance.
Un cours de cuisine sous les yeux des clients dans le magasin Du bruit dans la cuisine, à Rennes. Juliette Riou
Le marché des arts de la table se porte bien. « Il a même été relativement épargné par la crise », analyse Delphine Ancel, du cabinet spécialisé Precepta.
« On les voit arriver le lundi. Ils veulent tel ou tel objet, le même que celui qu’ils ont vu dans Top Chef, constate en riant Martine Houdu, vendeuse de l’enseigne Du bruit dans la cuisine, à Rennes. En ce moment, ce sont les siphons à chantilly et les petits brûleurs pour les crèmes brûlées qui partent bien. Et les emporte-pièce avec poussoir, pour dresser de beaux légumes en rond ou en carré. »
Cette chaîne, basée à Saint-Grégoire, près de Rennes, a grossi avec ce nouvel appétit des consommateurs pour la cuisine. En dix ans, elle a ouvert seize magasins en France (Brest, Rennes, Nantes, Le Mans pour l’Ouest). Avec Culinarion, Dîner chez soi, Kitchen Bazaar, Le Torchon à carreaux, elle a bousculé les Guy Degrenne, Geneviève Lethu et Ambiances et Styles.
« Cette semaine, c’est blinis et rillettes de crabe »
À l’affût des tendances et à l’écoute des prescripteurs que sont devenues les vedettes en tablier, les rayons foisonnent de gadgets, d’ustensiles et d’épices, qui donnent envie de cuisiner.
D’ailleurs, on peut souvent le faire. Tous les jours à 16 h, un chef vient réaliser une recette d’une demi-heure sous les yeux des clients, à la boutique rennaise Du bruit dans la cuisine. « Cette semaine, c’est blinis et rillettes de crabe », indique Karine Boisbunon, la responsable. Zodio, la nouvelle enseigne cuisine de Leroy Merlin, dispose d’un atelier où un chef propose des cours en permanence.
Chez Bazar Avenue (trois boutiques à Nantes, Rennes, Le Mans), lancé par le Quimpérois Loïc Marzin, les vendeurs sont des anciens de la restauration. À l’instar de Patrice Migné, chef de rayon et « ancien pâtissier et prof de cuisine ». La popote, il connaît, mieux que ses clients passionnés. « Je suis obligé de les calmer, ils veulent tout comme les grands chefs. Surtout les hommes, qui recherchent l’excellence et oublient de regarder les prix. Je leur rappelle qu’un seul couteau désosseur, ça suffit quand on n’est pas charcutier. »
[via] Christelle Guibert, ouest-france.fr