Logement: quand faut-il (ou non) tenter d’accéder à la propriété?
Les conseils des spécialistes du logement…
Neuf français sur dix pensent que la propriété est « la meilleure solution de logement ». Pourtant, le rapport annuel publié mardi par la Fondation Abbé Pierre (FAP) montre que ce rêve peut parfois tourner au cauchemar, notamment pour les ménages à plus bas revenus. Quelques règles à respecter pour éviter les déconvenues.
Taux d’effort : 33% des revenus « grand maximum »
Lors d’un rendez-vous avec votre banquier, la règle d’or évoquée est celle des 33%. Consacrer plus d’un tiers de votre revenu pour votre emprunt est jugé trop risqué. « Malheureusement la règle est de moins en moins respectée à cause de l’augmentation des prix de l’immobilier qui ont doublé en dix ans », déplore Christophe Robert directeur général adjoint de la FAP. Le quart des ménages les moins fortunés consacre en effet en moyenne 42% de leurs revenus pour leurs emprunts immobiliers. « C’est un taux beaucoup trop élevé. Les ménages prennent le risque de devoir revendre le bien en cas de divorce, de perte de travail ou même de simple imprévu comme une baisse du nombre d’heures supplémentaires effectuées », s’inquiète-t-il.
Attention aux charges annexes
« On voit de nombreuses publicités qui proposent « d’acheter au prix d’un loyer ». Pour moi, c’est un message mensonger car il cache le fait que l’accession à la propriété entraîne un nombre très importants de charges annexes, justement souvent sous-estimées », souligne Remi Gerard, directeur général des PACT, réseau associatif pour l’habitat des plus démunis. Il cite l’impôt foncier, les assurances et le coût des travaux qui peuvent devenir insurmontables si l’emprunt contracté est trop élevé. D’autres frais entrent en compte, notamment pour les ménages à bas revenus qui sont contraints d’acheter des biens éloignés des villes ou de leur lieu de travail. « Un nombre incroyable de ménages doivent acheter un second véhicule ou dépensent énormément en essence », s’alarme Christophe Robert. Acheter un bien mal isolé ou en mauvais état peut également conduire à vivre dans des logements insalubres, ou à consacrer une part énorme de ses revenus à l’énergie sans jamais pouvoir réaliser les travaux nécessaires. Ce phénomène, appelé précarité énergétique, touche aujourd’hui 3,4 millions de Français. Pour Christophe Robert, « dans ces conditions il est préférable de louer et de faire fructifier de l’argent plutôt que d’emprunter ».
Comment être guidé?
Le réseau d’associations Pact propose aux ménages souhaitant accéder à la propriété un diagnostic du logement et des conseils sur les aides disponibles ou les travaux à réaliser. Le réseau d’association Anil propose lui de bâtir un plan de financement, en ligne ou avec un conseiller. « Il faudrait que l’Etat rende ce genre d’accompagnement automatique pour les ménages à bas revenus, en en subventionnant une partie. Cela éviterait nombre de drames humains et de relogement d’urgence coûteux pour tout le monde », regrette Rémi Gérard.
[via] Thibaut Schepman, 20minutes.fr