La crise persiste en Vaucluse 1 043 emplois en sursis
L’an passé, ce sont surtout des petites entreprises qui ont succombé à la crise, notamment des boîtes du BTP, des bars et des agences immobilières. Photo Jérôme Rey
Les plus petits ont été frappés de plein fouet par la crise, les nouveaux ont souvent perdu en quelques mois leur mise et les plus anciens ont du mal à garder leur assise: du même cru que 2009, 2010 a été une année de marasme économique dans le Vaucluse. Et hier à Avignon, la rentrée solennelle du tribunal de commerce n’a pas donné le signal d’une reprise en vue pour les entreprises. La mauvaise passe semble « durable » aux yeux du procureur de la République Thierry Villardo, « même si des indicateurs laissent entrevoir quelques espoirs ». Et de citer les 11 plans de sauvegarde lancés en 2010, soit 2% de plus que l’an passé. A vrai dire, c’est le seul chiffre positif qui ressort de l’auscultation, à la loupe judiciaire, du monde commercial.
• Boîtes de BTP, bars et agences immobilières ont surtout fait faillite en 2010
« Un grand corps malade », tranche pour sa part Georges Marre, président de la chambre des procédures collectives, c’est-à-dire des placements sous contrôle judiciaire. Au-delà de l’augmentation des litiges entre les entreprises (+6%), déjà révélatrice d’un territoire qui se crispe, les morts économiques immédiates ont été plus nombreuses qu’en 2009: sur les 653 procédures collectives (+1%), 354 faillites directes ont été prononcées (+1%). Avec, à la clef, la perte de 374 emplois. Le ratio laisse vite voir que ce sont « les petites entreprises, souvent un seul patron qui a lancé son activité, qui ont coulé ». Et une nouvelle donne, apparue en 2009, s’est accrue: »D’ordinaire, une entreprise vit au moins trois ans. Là, c’est de plus en plus au bout de quelques mois qu’elle meurt. » Les secteurs les plus frappés, selon Georges Marre, sont « le BTP, les bars et les agences immobilières », suivis « par tout type de petit commerce traditionnel ».
• Face aux difficultés, les patrons jettent plus vite l’éponge
Un signe nouveau est par ailleurs inquiétant. Le procureur de la République a relevé, en 2010, « une grosse baisse de moral des chefs d’entreprise qui n’ont plus la force de se battre » alors queleur situation n’était pas « toujours désespérée ». « Ils sont de plus en plus à déclarer directement la cessation de leur entreprise sans demander un redressement judiciaire. Ils préfèrent jeter l’éponge, regrette de son côté Jacky Cyrille, juge au pôle prévention du tribunal. A l’audience du mercredi, il y en a une bonne quinzaine à chaque fois alors que cette démarche était plutôt rare il y a deux ans. Ils ont tellement la tête dans le guidon qu’ils ne pensent pas à faire appel à nos services, pour la désignation d’un mandataire ad hoc par exemple, lequel va par exemple négocier avec les banques. »
• Les grandes entreprises touchées, 1043 emplois en sursis en 2011
Si, jusqu’alors dans le Vaucluse, ce sont les petits commerces qui ont fait les frais de la crise, les grandes entreprises sont « désormais touchées et fortement menacées », constate Jacques Vincent, le président du tribunal. Actuellement, ce sont 1043 emplois (patrons et salariés), « correspondant en majorité à des entreprises allant de 20 à 120 salariés », qui sont en sursis suite à des procédures de sauvegarde et de redressement judiciaire. Sans la chiffrer, Jacques Vincent assure que le Vaucluse a affaire à une « très forte augmentation » des emplois menacés. « Ce sont surtout des entreprises importantes que l’on suit de très près. On essaye de les aider à monter un plan. C’est nouveau et inquiétant. » L’an passé, 79% des entreprises en difficulté avaient finalement coulé, « mais il s’agissait surtout de petites structures ». En 2011, « seules les banques sont à même de jouer un rôle vital », considère Jacques Vincent.
[via] Axel Plessier, laprovence.com