Journée mondiale de l’eau 2011 – « L’eau pour les villes: répondre au défi urbain »
« L’eau pour les villes : répondre aux défis urbains », tel est le thème de la Journée mondiale de l’eau (22 mars), dont l’événement principal a lieu dans la ville du Cap (Afrique du Sud). L’UNESCO, qui participe à cette célébration, organise une série d’événements directement liés au thème de la Journée.La journée mondiale de l’eau
La journée internationale de l’eau est une initiative née de la conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement qui a eu lieu en 1992 à Rio de Janeiro au Brésil lors de l’établissement du fameux Agenda 21 pour la Terre. La gestion de l’eau est bien sûr présente dans cet agenda 21.
Les nations unies ont désigné le 22 mars comme le jour qui célèbre dans le monde entier la journée mondiale de l’eau. La première journée mondiale de l’eau a été observée en 1993. Cette journée est l’occasion pour les états de mettre en place les recommandations des Nations Unies et des actions adaptées au contexte national de chaque pays. Si cette journée est louable, la question de l’eau ne retient pas encore suffisamment l’attention des institutions internationales : elle n’est pas encore représenté par un organisme spécifique.
Une urbanisation qui accroît la pression sur l’eau
Aujourd’hui, la moitié de la population mondiale vit dans les villes. D’ici une vingtaine d’années, près de 60% – soit 5 milliards de personnes – seront des citadins. Cette croissance démographique s’effectuera pour l’essentiel dans les pays en développement où chaque mois 5 millions de personnes s’installent en ville. Ainsi, en Afrique et en Asie, la population urbaine doublera entre 2000 et 2030.
Or, un citadin sur quatre, soient 789 millions de personnes, n’a pas accès à des infrastructures d’assainissement améliorées et 141 millions de citadins n’ont pas accès à l’eau potable pour boire ! Aujourd’hui encore, 497 millions de citadins partagent des sanitaires, contre 249 millions en 1990 (Source : Décennie internationale d’action : l’eau source de vie, UNW-DPAC).
La situation est urgente dans les bidonvilles où vivent 828 millions de citadins : ces personnes n’ont pas accès à l’eau potable ni aux systèmes d’assainissement. Pire, comme elles sont rarement connectées à un réseau de distribution d’eau, ces populations doivent payer le prix fort pour obtenir de l’eau auprès de vendeurs privés. Par exemple, à Accra au Ghana, les urbains pauvres payent 12 fois plus cher le litre d’eau que leurs voisins qui vivent dans des quartiers plus riches et équipés.
De plus, leur habitat précaire est très vulnérable aux catastrophes comme les inondations et les glissements de terrain. Ce sont donc les populations les plus pauvres qui sont les plus touchées.
Selon les estimations, plus de 2,5 milliards de personnes dans le monde vivent sans moyens d’assainissement adéquats. Et, chaque jour, 2 millions de tonnes d’eaux usées et autres effluents pollués s’infiltrent dans les nappes phréatiques de la planète. La pression démographique et l’essor des activités humaines sollicitent plus que jamais la ressource en eau. Si la quantité d’eau sur Terre est toujours constante, sa qualité décroît avec l’usage qu’on en fait. Ainsi, la qualité des ressources en eau est de plus en plus menacée par les pollutions. Le problème est plus grave encore dans les pays en développement où plus de 90 % des eaux d’égout et 70 % des déchets industriels non traités sont déversés dans les eaux superficielles… Cette pollution sans précédent des ressources hydrologiques est imputable à l’activité humaine des 50 dernières années.
La Journée Mondiale de l’Eau 2001
L’objectif de la Journée Mondiale de l’Eau 2011 est d’attirer l’attention internationale sur les impacts de cette croissance urbaine rapide, de l’industrialisation et des incertitudes liées au changement climatique, aux conflits et aux catastrophes naturelles, sur les réseaux d’eau urbains.
Chaque année, la Journée mondiale de l’eau met en lumière un aspect spécifique de l’eau douce. A l’occasion de cette nouvelle journée, le thème retenu est « de l’eau pour les villes : répondre au défi urbain. » (Water for Cities: Responding to the Urban Challenge). Il a pour objet de mobiliser et d’encourager les gouvernements, les organisations, les communautés et les individus à s’engager activement pour relever le défi de la gestion urbaine de l’eau.
Voici les principaux sujets qui sont développés :
• Changement climatique et gestion de l’eau en milieu urbain
• Assurer l’approvisionnement en eau potable en milieu urbain et péri-urbain (notamment dans les pays pauvres)
• Améliorer la qualité de l’eau, et les services d’assainissement
• La déclaration de la Directrice générale de l’UNESCO
A l’occasion de cette journée, la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, a déclaré :
« Comme chaque année depuis la proclamation de la Journée mondiale de l’eau par les Nations Unies en 1992, l’UNESCO renouvelle son appel à répondre aux immenses défis que pose la gestion la gestion de l’eau pour l’ensemble de la communauté mondiale. Le thème de cette journée, « l’eau pour les villes : répondre au défi urbain », est une façon de rappeler à tous que pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la majorité de la population vit dans les villes. L’étalement urbain ne cesse de progresser et les bidonvilles, toujours en extension, représentent 38% de cette croissance. Ils abritent aujourd’hui 1 milliard d’habitants.
Cet essor de la population urbaine prend de vitesse le développement des infrastructures de gestion, de traitement et d’assainissement de l’eau. Le fossé entre les « nantis » et « démunis » est plus aiguë que jamais, à l’heure où le partage des ressources et l’accès à l’eau potable sont non seulement des conditions minimales de vie en communauté, mais aussi de respect de la dignité humaine. Dans la plupart des pays en développement, qui représentent l’essentiel de la croissance urbaine mondiale, les eaux usées sont insuffisamment traitées et se déversent directement dans les nappes d’eaux souterraines, aggravant la pollution de cette ressource fragile.
Les zones urbaines, avec leur forte densité de population, sont fortement exposées aux maladies transmises par la mauvaise qualité de l’eau. Elles sont aussi plus vulnérables aux catastrophes naturelles en l’absence de mesures de gestion des crues nées du réchauffement climatique. Le manque d’accès à l’eau et l’assainissement pèsent alors lourdement sur le développement économique et social des citadins pauvres qui peuvent payer jusqu’à 50 fois plus pour un litre d’eau que leurs voisins plus riches.
Dans sa mission pour aider les États membres à mieux comprendre et relever les défis de l’eau en milieu urbain, l’UNESCO a mis en oeuvre un programme scientifique intergouvernemental dédié aux sciences de l’eau, par le biais de son Programme hydrologique international. L’Institut UNESCO-IHE pour l’éducation a mis en place un large éventail d’activités visant à promouvoir des solutions durables de gestion des eaux urbaines.
L’UNESCO défend le principe d’une « gestion intégrée de l’eau urbaine », c’est-à-dire qui prenne réellement en compte la diversité des usages et des dimensions de l’eau pour la vie urbaine. En effet, les défis de la consommation domestique, industrielle, les questions d’hygiène, les risques de crues… tous ces défis doivent être relevés ensemble, si nous voulons répondre efficacement à chacun d’entre eux. Il n’y a pas de développement humain durable sans une eau de bonne qualité accessible à tous. Cette vérité s’impose aux citadins et à travers eux à l’ensemble de l’humanité.
276 bassins versants et presque autant d’aquifères dans le monde sont partagés entre plusieurs pays. Toutes ces ressources partagées sont des carrefours naturels de la civilisation mondiale. Si nous échouons à faire de l’eau un instrument pour la paix, elle pourrait être demain, une source majeure de conflits.
A l’heure où nous célébrons en 2011 l’Année internationale de la Chimie, l’UNESCO s’engage à diffuser auprès du plus grand nombre les moyens qu’offrent la science pour faire du droit à l’eau et à l’assainissement, reconnus en 2010 par l’Assemblée générale et par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, une réalité pour tous. En réitérant notre engagement en ce jour, j’appelle la communauté internationale à se joindre à nos efforts. »
Coup d’envoi d’une expérience scolaire mondiale autour de la qualité de l’eau
A l’occasion de cette Journée mondiale de l’eau, est donné le coup d’envoi de l’Expérience de chimie mondiale, qui invite les élèves du monde entier à tester de manière scientifique la qualité de l’eau qui les environne. Présente au Cap comme toutes les agences des Nations Unies membres de l’ONU-Eau, l’UNESCO organise une série d’événements, notamment le « Big Splash », lancement officiel de l’Expérience de chimie mondiale « l’eau : une solution chimique ».
Du 22 au 25 mars, un millier d’élèves, âgés de 15 à 18 ans, issus d’établissements de la région du Cap en Afrique du Sud, participeront à cette opération qui consiste à mener des expériences scientifiques sur la qualité de l’eau (tester sa salinité, son acidité, apprendre à la filtrer, la distiller). Cette initiative, lancée par l’UNESCO et l’Union internationale de chimie pure et appliquée (IUPAC) dans le cadre de l’Année internationale de la chimie, vise à sensibiliser les élèves du primaire et du secondaire à l’importance de cette ressource vitale qu’est l’eau. Une fois les tests réalisés, les élèves auront la possibilité de reporter les résultats de leur expérience sur une carte interactive en ligne. Lancée en Afrique du Sud, l’initiative sera ensuite étendue aux établissements scolaires du monde entier qui souhaitent y prendre part.
[via] © UNESCO, notre-planete.info