Marseille : le siège de la SNCM transformé en casino ?
On parle de le transformer en grand magasin, mais la Ville préférerait un hôtel ou un casino
La direction de la SNCM en dira plus aujourd'hui sur les causes du blocage, qui depuis huit jours ce matin, paralyse l'activité de la compagnie maritime. Photo patrick nosetto
Bâtiment phare du quartier de La Joliette, reconnaissable notamment à sa tour-horloge, le siège de la SNCM situé boulevard des Dames, est à vendre. Construit en 1928 sous la direction de l’architecte marseillais Gaston Castel, cet immeuble d’une surface légèrement inférieure à 20 000 m² aurait été mis sur le marché par son actuel propriétaire, le groupe Véolia, pour la somme de 15 millions d’euros. Selon nos informations, il pourrait être acquis par une banque d’affaires et transformé en grand magasin. Natexis tenait la corde fin 2010 et l’on évoquait la venue de l’enseigne Le Printemps.
« Une vente nécessaire », selon le président de la SNCM, Gérard Couturier qui explique que « le siège actuel, vétuste, difficile à agencer et d’un coût d’entretien très important, ne répond plus aux besoins de l’entreprise. D’autant que son réaménagement aurait été rendu extrêmement compliqué par la protection dont jouit une partie de l’immeuble ». Celui-ci se trouve en effet dans le périmètre de la Zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager de République-Joliette. Ses façades ne peuvent être modifiées sans l’accord de l’Architecte des bâtiments de France. « Nous travaillons au transfert de nos activités dans un immeuble moderne, situé dans le même quartier, précise le président de la SNCM. Nous étudions le prix au m² et les délais de construction mais nous ne céderons notre siège qu’une fois sûr de notre relocalisation ».
Un dossier dans lequel la SNCM ne semble pourtant pas totalement libre de ses mouvements, surveillée par son propre personnel mais aussi par la Ville de Marseille. Selon nos sources, en effet, la municipalité ne verrait pas d’un bon oeil s’installer un espace commercial supplémentaire dans un quartier qui en sera bientôt largement doté (Terrasses du Port, Voûtes de La Major, etc.). Lui préférant un hôtel ou un casino, elle pourrait alors exercer son droit de préemption, faisant du même coup baisser le prix de l’immeuble à 13,5 M€.
Quant à la CGT, elle demande officiellement l’abandon de ce projet, estimant qu’il ne présente « aucun intérêt pour le fonctionnement de l’entreprise », mais participe au contraire à « sa désorganisation » et à « son démantèlement ». Gérard Couturier ne fait d’ailleurs pas mystère de ces difficultés. « Après avoir identifié une réponse intéressante à notre consultation, nous avons informé la collectivité en novembre. Deux mois plus tard, elle nous faisait connaître son intention de préempter le bâtiment à un montant inférieur à notre projet de transaction. » Interrogée à ce propos, la Ville a fait savoir par la voix d’Yves Moraine, président du groupe Majorité municipale (UMP-NC), qu’elle n’avait « pas d’avis à donner » sur une opération privée, mais qu’elle « regardera de près ce qui va se passer car la vente du siège de la SNCM n’est pas neutre. On ne peut pas faire n’importe quoi avec un tel bâtiment ».
Concernant les rumeurs d’implantation d’un grand magasin, Yves Moraine concède que « ce ne semble pas être le bâtiment idéal pour cela », mais indique aussi que « la Ville sera toujours favorable à l’installation d’un opérateur de renom susceptible d’apporter de l’emploi à Marseille ». Et d’ajouter, à l’évocation d’une éventuellement préemption : « Il n’existe pas, à ce jour, de projet de la Ville d’acheter cet immeuble. Mais rien ne dit qu’elle ne le fera pas si le projet porté par le futur acquéreur ne nous paraît pas conforme à ce que nous souhaitons pour ce quartier. »
[via] Philippe Gallini, laprovence.com