« Je viens ici pour pouvoir manger »
Toujours plus de bénéficiaires à la Banque alimentaire. Jeunes, travailleurs précaires et petits retraités gonflent les rangs.
Reportage
Dans la cour de la Croix-Rouge, rive droite à Caen (Calvados), des dizaines de personnes s’agglutinent près de l’entrée. Une averse précipite le mouvement vers l’intérieur. Un préau accueille tous ceux qui sont munis de la carte prouvant leur inscription.
Guillaume, 28 ans, est de ceux-là. Il attend son tour. Ses deux sacs prêts à recevoir des provisions. « J’ai perdu mon poste dans les travaux publics. Plus d’emploi donc plus de logement, explique-t-il. Je suis hébergé par un ami pour l’instant ».
Il n’a pas l’air résigné. Contrairement aux deux jeunes filles d’origine étrangère qui patientent à ses côtés. L’une d’elles parle un peu français mais ne veut pas expliquer sa situation. Leurs regards se fixent sur le comptoir où trois personnes s’activent à remplir les sacs avec les fournitures du jour.
Romaric, 23 ans, est, lui aussi, dans la file d’attente. « Je suis à la rue depuis dix mois après la rupture avec ma femme. Je viens ici pour pouvoir manger. Je vais également aux Restos du Coeur. Ça dépanne bien mais ce n’est pas une solution. » Il espère suivre, l’an prochain, une formation de couvreur.
« C’est très clair, on a un rajeunissement des gens aidés, confirme Frédéric Struyve, de la Banque alimentaire du Calvados. Avec 11 % de moins de 25 ans sur 12 000 personnes. » Hausse aussi du nombre de travailleurs pauvres et de parents élevant seuls leurs enfants. « Et puis il y a 15 % de petits retraités. On sait que la majorité hésite à demander, par dignité, surtout en zone rurale. »
Le souhait de Frédéric Struyve ? Voir la collecte combler les probables 2 000 tonnes d’aliments distribuées cette année. Et « éviter la marginalisation de ceux qui ont du mal à payer leur loyer ou leur mutuelle ».
[via] Éric Aupoix, ouest-france.fr