Marseille : la hausse du chômage dépasse les 8% sur un an
La Ville lance ce matin une semaine thématique « Un emploi pour tous »
Une augmentation du nombre de chômeurs qui touche tous les quartiers de la cité phocéenne mais à des degrés divers; les hausses variant de 4,9% dans le 2e arrondissement à plus de 13% dans le 10e.
Rendu public il y a quelques jours par l’Observatoire de l’emploi et du développement économique, le nombre de demandeurs d’emploi recensés à la fin du mois de septembre à Marseille, enregistre une hausse spectaculaire et inquiétante de 8% par rapport au même mois de 2009. À cette date, 73 651 personnes étaient donc en quête d’un travail, contre 68 218 un an plus tôt.
Une augmentation du nombre de chômeurs qui touche tous les quartiers de la cité phocéenne mais à des degrés divers; les hausses variant de 4,9% dans le 2e arrondissement à plus de 13% dans le 10e. Et si l’augmentation du chômage sur un an apparaît comme une tendance générale, son évolution à Marseille se révèle bien plus rapide que celle observée dans le pays (+6,2%), dans la région Paca (+6,9%) et dans le département (7,7%).
Une logique économique
Une situation qui suscite les foudres de l’opposition mais que l’équipe municipale explique en se fondant sur une certaine logique économique. Pour y faire face, le maire UMP Jean-Claude Gaudin présente ce matin les grands axes de la stratégie municipale en matière de développement économique et de création d’emplois.
« Notre ville, à vocation essentiellement tertiaire, est entrée plus tard que les autres dans la crise et en sortira donc logiquement plus tard, commente le premier adjoint au maire UMP, en charge de l’Économie, Roland Blum. Mais si l’on se réfère aux trois dernières années, alors qu’on perdait en France 397 000 emplois, Marseille en gagnait 4000. Alors, effectivement, nous sommes aujourd’hui à 13,2% alors que nous avions réussi à descendre à 12,7%, mais cette situation est conjoncturelle, surtout si l’on tient compte des conséquences des récents mouvements sociaux, nationaux et plus encore locaux. Mais il faut se souvenir que lors de notre arrivée aux affaires, en 1995, le taux de chômage à Marseille était à 21,6%. Nous l’avons donc réduit de près de 10 points en dix ans ».
Roland Blum se dit résolument optimiste, notamment par rapport à l’engagement pris par le maire de Marseille lors d’un « Face aux lecteurs de La Provence » dont il était l’invité, à savoir ramener le taux de chômage à moins de 8% avant la fin de son mandat, en mars 2014. « Dès que la crise sera passée, et je pense que ce sera le cas en 2012, tous les feux seront alors au vert et nous devrions pouvoir passer largement sous la barre des 10% en 2014 ».
L’opposition veut un conseil spécifique Une perspective à laquelle refuse de croire le président du groupe socialiste « Faire gagner Marseille » au conseil municipal, Patrick Mennucci, lequel a fait de l’emploi l’un de ses chevaux de bataille. « Une nouvelle fois, les chiffres démentent les propos lénifiants de M.Gaudin sur le soi-disant « renouveau économique » de la ville et sur son action supposée en matière de lutte pour l’emploi. Et si le taux de chômage a effectivement baissé depuis 1995, c’est avant tout grâce à l’action volontariste du gouvernement Jospin durant les années 1997-2002 qui a vu une baisse générale de l’inactivité dans tout le pays ».
Patrick Mennucci remet d’ailleurs en cause l’ampleur de la baisse du chômage, affirmant qu’elle ne prend pas en compte les bons chiffreset que le résultat final est donc erroné : « Contrairement à ce qu’affirme le maire, le taux de chômage à son arrivée était de 19,6% et non de 21,6% ». Ce que conteste formellement Roland Blum en s’appuyant sur les données fournies à l’époque par l’Insee.
Mais pour le leader de l’opposition, « avec un taux de chômage toujours supérieur de 40% à la moyenne nationale et plus de 27% des habitants vivant sous le seuil de pauvreté, notre ville est toujours confrontée à de graves problèmes comme en témoigne une insécurité grandissante ». Et Patrick Mennucci de reprendre à son compte les propos récemment tenus par le président de la Chambre de commerce et d’industrie, Jacques Pfister, comparant Marseille à un grand corps malade.
« Ce qui sonne, selon l’élu PS, comme un terrible constat d’échec pour le premier magistrat de la ville ». Il demande la mise en place d’un « Conseil économique et industriel » regroupant l’ensemble des acteurs économiques et sociaux de la métropole. Instance dont Patrick Mennucci souhaite qu’elle se fixe comme objectif de « dialoguer, négocier un vrai compromis social et impulser une série d’actions concrètes pour lutter contre la précarité et la hausse du chômage qui rongent notre ville et menacent sa cohésion sociale ».
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